Depuis 2014 en France, et quelques années avant dans les pays scandinaves, la RAAC fait son arrivée dans les établissements de santé.

Parfois nommée RAC pour Réhabilitation Accélérée après chirurgie et même RRAC pour Réhabilitation Rapide après chirurgie, l’acronyme RAAC, Réhabilitation Améliorée après chirurgie, a été attribué par la société savante (société regroupant des experts exerçant et publiant des travaux de recherche) GRACE. Le Groupe de Réhabilitation Améliorée après Chirurgie accompagne les établissements de santé dans le déploiement de parcours de soins RAAC via des états des lieux et audits.

La RAAC a été initialement développée dans les années 1990 par l’équipe danoise de chirurgie digestive du Pr. Henrik Kehlet. La HAS, Haute Autorité de Santé ( autorité publique indépendante à caractère scientifique qui a pour but de contribuer à la régulation du système de santé par la qualité et l’efficience) a édité le rapport d’orientation dédié aux Programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC) : état des lieux et perspectives en Juin 2016 décrivant la volonté du gouvernement à développer la RAAC.

Qu’est-ce que la RAAC ?

Il s’agit d’une approche multidisciplinaire de prise en charge globale du patient en période périopératoire visant au rétablissement rapide de ses capacités physiques et psychiques antérieures.

Cela correspond à une organisation spécifique des soins centrée autour du patient tout au long du parcours de soins. L’ensemble des mesures qui interviennent sur les 3 périodes pré-, per- et postopératoires doivent permettre une récupération améliorée et rapide du patient permettant une sortie anticipée.

Sa pratique est multidisciplinaire et nécessite donc des efforts combinés des équipes médicales (médecins anesthésistes, chirurgiens, rééducateurs, infirmiers, kinésithérapeutes, aides-soignants, etc.) et un environnement administratif et organisationnel favorables.

L’implication de chacun des intervenants doit être protocolisée et coordonnée par un référent. La RAAC implique la mise en place de coordinations multidisciplinaires et transversales, spécifiquement dédiées à un type d’intervention et, dans certains cas, à une catégorie de patients. Ce parcours est réfléchi à chaque étape sous l’angle de l’optimisation de la prise en charge afin d’améliorer le confort et le devenir du patient. La réalisation d’un protocole de récupération améliorée revient à analyser tous les facteurs contribuant à prolonger la durée d’hospitalisation (incluant l’incidence des complications, répercussions normales de la chirurgie et de l’anesthésie) et à mettre en place des mesures visant à contrecarrer ou limiter leurs effets.

Pour l’essentiel, il s’agit de tous les éléments permettant :

·  D’informer et former le patient sur son intervention ;

·  D’anticiper l’organisation des soins et la sortie le plus tôt possible ;

·  De minimiser les conséquences du stress chirurgical ;

·  De contrôler la douleur dans toutes les situations ;

· De favoriser et stimuler l’autonomie des patients.

La RAAC concerne l’ensemble du parcours de soins, allant de la préparation de la prise en charge au retour à domicile jusqu’à la fin de la convalescence.

Être préparé :

La période préopératoire est l’intervalle entre la date de prise de rendez-vous de l’intervention chirurgicale et la date de l’opération. Au cours de cet intervalle, les équipes médicales mettent en place plusieurs étapes et éléments afin de permettre au patient de se présenter dans des conditions optimales à l’intervention chirurgicale. La préparation peut inclure :

· La prise en compte des antécédents médicaux qui retentissent sur les suites opératoires,

· L’adaptation de la prise médicamenteuse,

· La définition d’une stratégie anesthésique et analgésique adaptée,

· La limitation du jeûne préopératoire,

· L’optimisation de la condition du patient avec une éventuelle préparation physique (sevrage tabagique, alcoolique, apport glucidique, préparation nutritionnelle active, préparation physique, etc.)

· L’information du patient à son intervention par un médecin ou un(e) infirmièr(e) de coordination RAAC, spécialisé(e) dans les parcours de soins RAAC, avec des consultations et documents dédiés.

· Des checklists et rappels pour aider le patient à préparer ses affaires et ne rien oublier.

Le jour J :

Un patient bien informé et préparé appréhende avec moins de stress et d’angoisse son intervention. Selon l’intervention, la période de jeûne préopératoire ainsi que les prémédications sont réduites au maximum afin de limiter le stress et de faire descendre au bloc opératoire un patient confiant et non trop endormi par des sédatifs puissants.

La durée d’anesthésie est la plus courte possible, tout en utilisant plusieurs médicaments qui prolongent l’effet anti-douleur de l’anesthésie sans l’effet de somnolence. Toujours dans le but de diminuer le saignement post opératoire et donc la fatigue liée à l’anémie (manque de fer), des infiltrations d’anesthésiques locaux à longue durée d’action sont réalisées dans la plaie opératoire afin de limiter la consommation de morphine post-opératoire. Le chirurgien utilise des procédures standardisées appelée mini-invasives, définissant un geste opératoire le plus court possible et limitant la souffrance des organes et tissus du patient.

Enfin, le patient est dirigé vers la salle de réveil ou il va s’éveiller très rapidement (en cas d’anesthésie générale). Le patient pourra remonter rapidement dans sa chambre. Quitter son lit permet d’éviter des complications graves (phlébite, embolie pulmonaire, infection urinaire, perte musculaire, etc). Dans ce sens, la déambulation est favorisée. La reprise de l’alimentation et l’hydratation est rapide et le nombre de cathéters limité au strict minimum.

Le retour à domicile précoce :

Un patient bien préparé pourra appréhender sereinement son retour à domicile. Suite à l’intervention chirurgicale et selon la validation des critères de sortie par le chirurgien, le patient accompagné d’un proche, est amené à rentrer à son domicile plus rapidement que lors d’une prise en charge standard.

En général, l’infirmièr(e) de coordination appelle dès le lendemain de l’intervention pour s’assurer de l’état de santé du patient à son retour à domicile.

Le retour à domicile précoce du patient doit être réalisé de manière anticipée et sécurisée afin de suivre l’évolution de l’état de santé du patient, en anticipant et détectant les complications post-opératoires. Le retour à domicile peut se faire grâce à :

· un suivi à domicile avec une infirmier(e) libéral(e) pour réaliser des mesures ou changer des pansements, à contacter via le réseau de l’hôpital ou des sites tels que Libhéros

· un suivi à domicile avec une solution de suivi médical connecté, telle que Maela via une application et une plateforme web reliées à un service de télésurveillance interne ou externe à l’établissement de santé de la prise en charge initiale

· un accompagnement via le PRADO, Programme d’Accompagnement du Retour à Domicile après hospitalisation, proposé par l’Assurance Maladie depuis 2010, permettant de coordonner les prestataires de soins à domicile.

Tout le long de son parcours le patient est informé, rassuré, accompagné et guidé par l’infirmier(e) de coordination RAAC. Pendant l’hospitalisation, l’infirmière coordinatrice suit le patient et participe, avec les équipes médicales et paramédicales, à la reprise de l’autonomie.

En résumé

La e-santé et sa déclinaison mobile appelée la m-santé, sont des outils accompagnant les praticiens et les patients dans les parcours de soins RAAC. Permettant non seulement de se préparer via des documents, checklist et rappels avant l’intervention, les solutions de suivi permettent aux équipes soignantes de suivre leur patient à domicile. Via des questionnaires médicaux, mesures, analyses et traitements post-opératoires réalisés au domicile via son téléphone ou ordinateur, le patient est surveillé à distance par des professionnels de santé.

Le patient retrouve plus rapidement son environnement familial, en toute sécurité, selon des critères médicaux prédéterminés et un suivi personnalisé. Il aura aussi moins de risque de contracter une infection nosocomiale ou infection liée aux soins (infection contractée à l’hôpital mais qui n’a aucun lien avec le problème pour lequel il a été admis).

Aujourd’hui, plus d’une centaine d’établissements de santé sont référencés par la société savante GRACE, pour leur pratique de la Réhabilitation améliorée après Chirurgie sur plusieurs spécialités. Initialement développée pour les interventions en chirurgie digestive et colorectale, la RAAC se pratique dans d’autres spécialités telles que la chirurgie bariatrique, urologique, cardiovasculaire et thoracique, orthopédique, gynécologique et la chirurgie du rachis (colonne vertébrale).

Votre établissement propose-t-il des parcours RAAC ?
Allez-vous bénéficier d’une intervention au sein d’un parcours RAAC en tant que patient ?

Julia HOCQUART

Source : HAS, Programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC) : état des lieux et perspectives en Juin 2016